Habituée à réagir vite, et ce, quelle que soit l’heure, Milica s’éveilla au premier craquement dans le couloir. Elle se redressa ; une main la bâillonna et rabattit sa tête contre l’oreiller.
« Ne dis rien, lui susurra Grégoire. Ils viennent pour moi, mais ils ne t’épargneront pas. Sauve-toi par la salle de bains, par la fenêtre ; et prends le sac gris sur le portemanteau. Ne te soucie pas de moi : ça devait arriver et je suis préparé. »
Il ôta sa main de son visage et l’éjecta violemment hors du lit. La porte de la chambre fut projetée contre le mur à cette même seconde. Deux coups de feu retentirent. Milica fusa vers la salle d’eau, verrouilla derrière elle, happa le sac, monta sur la baignoire, ouvrit la petite fenêtre, y passa les pieds, les jambes et puis la taille, se tourna sur le ventre ; sous la porte apparut alors un rai de lumière. Quatre pas lourds ; une main impatiente agitant la poignée ; un coup de poing rageur.
Elle glissa son corps tout entier par l’embrasure, prit appui sur le pin qui poussait dans la pente. Elle tira le sac ; une nouvelle détonation résonna. Elle devina le verrou détruit, entendit le coup de pied qui repoussait la porte ; mais elle n’était plus là pour voir qui la traquait : coulant de branche en branche jusqu’au pied du grand arbre, elle avait atteint le sol et s’était élancée, droit devant elle, le plus vite possible.
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